Le Président Poutine a tenu une réunion sur le développement des systèmes aériens sans pilote. La réunion s'est tenue au Centre de recherche et de production de systèmes aériens sans pilote Samara
28 janvier 2025, 22h30, Togliatti (oblast Samarien)
Vladimir Poutine : Bonsoir, chers collègues !
Aujourd'hui, je propose de discuter d'un ensemble de mesures visant à développer l'industrie civile nationale des systèmes aériens sans pilote.
Sur quel point voudrais-je tout de suite attirer votre attention ? Dans ce domaine incontestablement prometteur, nous devons non seulement être autosuffisants, fournir à l'industrie nationale et à l'économie dans son ensemble différents types de drones, leurs composants et leurs pièces produits dans notre pays. Tout cela, bien sûr, doit être fait. Mais notre objectif est bien plus large : d'ici 2030, la Russie doit devenir l'un des leaders technologiques mondiaux dans le domaine des systèmes aériens sans pilote. Pour ce faire, il faudra créer une industrie, une infrastructure et un système de services puissants pour les drones sur la plateforme technologique et de production nationale, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Cette sphère est appelée à devenir l'une des principales du développement technologique de la Russie.
Pour mener à bien ces tâches, nous disposons des ressources nécessaires et, surtout, de l'énorme potentiel de nos scientifiques, concepteurs, ingénieurs, travailleurs et entrepreneurs technologiques. Comme je l'ai constaté aujourd'hui lors de la présentation assez complète, il existe un désir et un esprit combatif pour réaliser tout cela. Je voudrais remercier tous ceux qui participent à ce travail pour leur attitude, remercier tous ceux qui mettent leur travail et leur talent au service de la création de l'aviation nationale sans pilote. Et je tiens à les remercier pour les résultats impressionnants. Ils sont tout simplement évidents.
Dans un certain nombre de domaines, en peu de temps la production en série de produits compétitifs a été déployée. Au total, en 2024, par rapport à 2023, la production rien que de drones civils a été multipliée par plus de 2,5.
Mais je le répète : l'objectif que nous nous sommes fixé est complexe, systémique, et sans aucune exagération, il s'agit d'un objectif d'envergure nationale. C'est pourquoi il a été décidé de consolider les ressources, de le faire dans le cadre du projet national, en tenant compte de l'énorme importance de l'industrie pour les citoyens, les entreprises, l'économie nationale et, bien sûr, pour assurer la sécurité du pays. Nous avons discuté en détail de la mise en œuvre de ce document très important en 2023 lors d'une réunion à Moscou, dans le parc industriel de Roudnevo.
Dans le cadre du projet national, plus de quatre cents entreprises nationales sont déjà devenues résidentes de centres de recherche et de production. Elles créent des installations pour la recherche et la production d'aéronefs sans pilote, ainsi que des infrastructures au sol pour les essais de drones. En d'autres termes, toutes les conditions sont en train de se former pour que les idées prometteuses, les start-ups atteignent le plus rapidement possible le stade de la production en série.
Il est prévu de créer 48 centres de ce type au cours de la décennie courante. Il existe déjà 15 centres de ce type et je pense qu'il est possible d'en créer d'autres ; ces centres fonctionnent à Moscou et à Saint-Pétersbourg, dans les oblasts Novgorodien, Riazanien, Sakhalinien et Tomien, dans le kraï Permien, dans les républiques d'Oudmourtie et du Tatarstan, ainsi qu'ici, dans l'oblast Samarien.
Je tiens à souligner que nous prévoyons d'agrandir sérieusement le centre de Togliatti, où nous sommes actuellement installés, afin de créer sur cette base un pôle de recherche, d'enseignement et de production dans le domaine de l'aviation civile sans pilote, de sorte que la ville devienne l'un des fleurons du développement de cette industrie de pointe non seulement en Russie, mais aussi dans le monde, ce qui créera des conditions supplémentaires pour la croissance de l'ensemble de la région, pour l'épanouissement de jeunes gens talentueux et motivés. Il s'agit là d'une dimension humaine et sociale extrêmement importante de tous les projets nationaux de leadership technologique. Bien entendu, nous nous engagerons sérieusement dans cette voie.
Comme nous venons d'en discuter, et je m'adresse également au chef de la région, il est évident que nous devons faire tout cela, ce dont nous avons discuté aujourd'hui. Si nous allons développer cela en avance sur les autres régions ici à Togliatti, dans l'oblast Samarien, nous devons en discuter avec les gens, parce qu'ils vivront dans cet environnement et que nous ne pouvons pas mettre en œuvre de tels plans sans leur participation. Mais il faut aussi que les gens voient les perspectives et les avantages du développement de cette sphère d'activité.
Chers amis, nous venons d'avoir une conversation approfondie et franche avec des représentants d'entreprises, ici au Centre de recherche et de production, en marge d'une exposition spéciale. Je leur suis reconnaissant de m'avoir plongé dans le sujet et la matière.
Les collègues disent ouvertement que malgré les bons résultats obtenus en général dans un certain nombre de domaines fondamentaux du projet national dans le domaine des systèmes aériens sans pilote, y compris le cadre réglementaire, la base normative, le mouvement est toutefois trop lent, et dans certains programmes, le travail a été complètement interrompu en raison d'une forte réduction du financement. Je voudrais vous rappeler que ces problèmes ont également été soulevés en décembre dernier lors du Conseil pour le développement stratégique et les projets nationaux.
De toute évidence, la situation est difficile, la concurrence dans ce domaine est féroce dans le monde, et pour que la Russie soit parmi les leaders technologiques mondiaux dans le domaine de l'aviation sans pilote d'ici 2030, il est nécessaire d'accélérer radicalement le développement de cette industrie. Les décisions pertinentes doivent être prises dès que possible et toutes les activités clés doivent bénéficier d'un financement approprié.
Nous venons de parler en détail des domaines dont nous parlons.
Tout d'abord, il est nécessaire d'ouvrir aux drones civils le ciel, comme le disent les experts, dès que possible. Je sais que les responsables des forces de l'ordre et des agences de sécurité travaillent avec nous par vidéoconférence. C'est une question complexe, surtout aujourd'hui, une question très sensible. Mais il nous faut avancer, il faut faire quelque chose. Compte tenu de toutes les difficultés objectives actuelles et les exigences élevées en matière de sécurité, il s'agit d'une question fondamentale pour le développement avancé de l'industrie, pour les essais et la production en série de nouveaux produits.
Et la première chose à faire à cet égard est la suivante.
Au cours de notre dialogue on vient de prendre non pas une décision, mais une proposition visant à établir une nouvelle classe d'espace aérien de la Fédération russienne pour l'utilisation simplifiée des aéronefs sans pilote. Nous en avons parlé, et c'est cette proposition qui a été faite. Cette mesure est soutenue par Rossaviatsia, pour autant que je sache. Je demande au Gouvernement d'adopter tout le cadre réglementaire et juridique nécessaire avant le 1er juin de cette année, afin de déterminer des altitudes de vol spécifiques pour les drones, comme le disent les experts, des échelons. Nous venons d'en parler, cette transition d'un échelon à l'autre est la chose la plus critique, tout doit être correctement mis au point. Vitaly Guénnadievitch [Savéliev] prendra la parole, et j'espère que vous direz également quelques mots à ce sujet.
En même temps l'accès à ces échelons aériens pour certains types de drones et les exigences relatives au fonctionnement technique de ces appareils il faut simplifier autant que possible. Je note qu'un certain nombre de pays ont déjà pris de telles mesures, ce qui a contribué à leur percée qualitative dans le développement de l'aviation sans pilote.
Deuxièmement. Je pense que les vols de drones devraient être autorisés dans les régions où cela est justifié par des raisons de sécurité et où il existe d'autres conditions nécessaires. Je demande au Gouvernement de préparer des décisions spécifiques à ce sujet avant le 30 avril de cette année.
Je note qu'il existe déjà une expérience pratique de la gestion de l'aviation sans pilote dans certains sujets de la Fédération. Entre autres, des solutions technologiques nationales ont été testées l'année dernière à Sakhaline, ce qui a également été discuté en détail sur le site du programme conceptionnel et éducatif Archipel. Il faut étendre ces solutions aussi à d'autres sujets de la Fédération russienne.
À cet égard, je pense qu'il serait souhaitable d'évaluer chaque année quels sujets de la Fédération créent les meilleures conditions pour le développement et l'utilisation des systèmes sans pilote. Je demande aux participants à l'Initiative technologique nationale d'élaborer et de mettre en œuvre une évaluation correspondante. Il s'agit d'un domaine important, et faut-il que nos collègues dans les régions le traitent en conséquence.
Troisièmement. Je le répète une fois de plus : l'ouverture de l'espace aérien aux drones civils doit se faire dans le respect, comme je l'ai déjà dit, d'exigences strictes en matière de sécurité, mais pas par le biais d'interdictions généralisées et d'une réglementation bureaucratique totale, mais par le biais de nouvelles solutions technologiques. Elles sont possibles. Et entre autres choses, il est important de mettre en œuvre plus activement les développements nationaux existants qui garantiront un contrôle fiable du ciel. Il s'agit des systèmes de détection et de suivi des drones et de leur identification de bout en bout en temps réel. Nous en avons déjà parlé. J'espère que les discours prononcés lors de cette réunion en diront plus à ce sujet.
D'une manière générale, il est nécessaire d'introduire des mécanismes fondamentalement nouveaux pour contrôler et coordonner plus rapidement les vols de tous les types d'aéronefs – du petit hélicoptère aux aéronefs à long rayon d'action et aux engins spatiaux. Je suis d'accord avec ce qui vient d'être dit, c'est ça l'avenir, bien sûr. Ce n'est pas une tâche facile, mais c'est tout à fait faisable. Il faut simplement le faire de manière ciblée. En d'autres termes, il s'agit de mettre en place une architecture sans joints de l'espace aérien et de l'espace extra-atmosphérique, où tous les objets sont connectés et interagissent les uns avec les autres de manière sûre et efficace.
Youry Ivanovitch [Borissov], le chef de Roscosmos, et moi-même en avons également parlé récemment. Et il adhère en principe au même point de vue. Il n'y aura donc pas de résistance de cette part, il suffit de se mettre d'accord.
En général, il est nécessaire de mettre en place une infrastructure terrienne et, surtout, de créer des constellations de satellites. Il en faut définir un plan détaillé, étape par étape, vers le 1er juin de cette année. Je demande à mes collègues du Gouvernement et de Roscosmos d'éliminer toutes les contradictions interdépartementales et de définir les paramètres nécessaires de ces constellations. Je le répète, cela doit être fait le plus rapidement possible.
Suit ce que je considère fondamental. Pour développer, tester et utiliser différents types de drones, pour utiliser des outils avancés de contrôle de vol et de navigation dans l'espace aérien, comme je l'ai déjà mentionné, nous avons besoin d'un cadre réglementaire et juridique qualitativement nouveau. Il est nécessaire d'avancer vers sa formation de manière consécutive, en utilisant des régimes juridiques expérimentaux. Leurs mécanismes et leurs possibilités doivent être élargis, y compris, comme je l'ai déjà dit, ici, dans l'oblast Samarien, où nous nous trouvons aujourd'hui.
Bien entendu, lors de l'élaboration d'un nouveau cadre réglementaire pour l'aviation sans pilote, il est important de trouver un équilibre entre les intérêts de l'industrie et la garantie de la sécurité et de la capacité de défense du pays. Mais, je le répète, il est nécessaire de trouver des solutions et d'aller de l'avant malgré les difficultés. Car si nous ne le faisons pas, si nous prenons du retard, les difficultés seront encore plus grandes.
Ainsi, j'ai déjà donné des instructions pour développer l'utilisation, dans différents secteurs de l'économie, de matériel photo et vidéo obtenu par des drones. L'essentiel est de veiller à ce que les données géospatiales numériques soient rapidement mises en circulation commerciale. Cela a nécessité une révision des approches des mesures de contrôle, y compris l'introduction de nouveaux outils technologiques. Toutefois, il semble que peu de changements, voire aucun, n'aient eu lieu dans ce domaine jusqu'à présent. J'aimerais également connaître le point de vue de mes collègues à ce sujet aujourd'hui.
Et voici un autre sujet clé, fondamental. Le développement de l'industrie des systèmes aériens sans pilote nécessite un personnel hautement professionnel, dont les compétences et les connaissances doivent répondre aux objectifs de leadership technologique. C'est dans cette logique qu'il convient d'ajuster le travail du système de formation professionnelle, de modifier les programmes de formation existants et d'en introduire de nouveaux. Et toutes les décisions ici doivent être prises aussi sans délai.
Aujourd'hui, je voudrais également vous demander de me dire comment la formation des spécialistes dans le domaine de l'aviation sans pilote sera organisée dans les collèges et les universités à partir de la nouvelle année académique. Ce que j'ai vu ici mérite bien sûr d'être approuvé et je ne peux que vous remercier pour le bon exemple de travail dans ce domaine.
Comme je l'ai déjà noté plus d'une fois, nous devons établir une relation étroite entre tous les projets nationaux de leadership technologique. J'aimerais ajouter que la même coordination est nécessaire pour la mise en œuvre des travaux dans les domaines civils et spécialisés. De cette manière, nous pourrons obtenir un effet maximal dans tous les domaines et, d'une manière générale, renforcer le potentiel économique, industriel et scientifique, la capacité de défense et la sécurité du pays.
Quant à l'aviation sans pilote, son développement nécessite déjà des avancées prometteuses en matière de microélectronique, de stockage et d'accumulation d'énergie, de nouveaux matériaux et, bien sûr, de systèmes d'intelligence artificielle. D'autant plus que la capacité à travailler de manière autonome sans participation humaine déterminera la compétitivité des drones nationaux à l'avenir, ainsi que toute l'économie et l'architecture de cette industrie. Nous avons ici des solutions et même des réussites, comme je l'ai entendu aujourd'hui une fois de plus, ce qui est encourageant.
Je le répète, l'une de nos principales tâches consiste à prendre nos propres décisions souveraines sur tous les principaux composants des drones. Je demande au Gouvernement de prendre des décisions globales à ce sujet, y compris de déterminer le calendrier, ainsi que le financement nécessaire pour lancer la production en série de dispositifs de stockage d'énergie à haute puissance et à haute capacité. C'est aussi l'une des questions les plus importantes pour le développement de l'industrie.
Dans la suite. Lors de la dernière réunion dans le parc industriel et technologique de Roudnevo à Moscou, nous avons parlé en détail d'ordre à long terme de la part du Gouvernement et des entreprises en tant que motivation clé pour la formation de l'industrie de l'aviation sans pilote. Jusqu'à présent, des mesures importantes, mais encore ponctuelles, ont été prises dans ce domaine.
Entre temps, nous devons adopter une approche globale pour la formation d'un ordre, avant tout de la part de l'État. Je demande au Gouvernement de calculer tous les besoins actuels et futurs des structures fédérales, des régions, des entreprises et de secteurs entiers de l'économie, tant en termes de nombre que de types et de caractéristiques des drones, de leur capacité à accomplir des tâches spéciales comme civiles, y compris dans des secteurs fondamentalement nouveaux. Il est important ici de se projeter dans l'avenir et d'envisager différents scénarios.
Je voudrais répéter une fois de plus que le plan d'ordre à long terme actualisé doit être établi sur une base systémique et que sa mise en œuvre doit être coordonnée à la condition obligatoire que non seulement les grandes entreprises, mais aussi les moyennes et les petites entreprises technologiques produisant des drones et leurs composants participent à l'approvisionnement et fournissent leurs produits aux consommateurs. Il ne doit pas y avoir de monopole.
Une autre motivation puissante pour le développement de l'industrie nationale des drones devrait, bien sûr, être le développement des exportations. Je demande au Gouvernement de soutenir avec persévérance et compétence les ambitions des entreprises technologiques nationales de pénétrer les marchés mondiaux.
À cet égard, nous devons exploiter activement nos possibilités de relations bilatérales avec les pays amis, ainsi que les contacts dans le cadre des associations intégrationnelles et internationales. Cela inclut la formation de sites d'interaction entre les acteurs de l'industrie dans le cadre des BRICS, ainsi que le lancement de projets communs, technologiquement complexes et intégrés.
Dans le cadre de cette tâche, je demande au Ministère de l'industrie et du commerce, au Gouvernement de la ville de Moscou – Sergueï Sémionovitch [Sobianine] travaille très activement dans ce domaine – et aux participants à l'initiative technologique nationale d'organiser déjà cette année un forum international sur les systèmes sans pilote. Je propose d'y inviter des scientifiques, des développeurs et des entrepreneurs d'autres pays pour discuter en détail des questions de coopération dans ces industries prometteuses et en développement.
Nos projets de développement accéléré de l'aviation sans pilote requièrent une amélioration considérable de l'efficacité de la coordination et de la gestion de cette industrie, tant au niveau fédéral que régional. Je demande au Gouvernement d'organiser un suivi rigoureux des indicateurs du projet national sur le développement des systèmes aériens sans pilote et, en général, dans tous les domaines liés au développement de cette nouvelle industrie.
Ce travail doit être effectué en permanence, littéralement en temps réel, afin de répondre aux problèmes émergents en temps opportun. Ils doivent être résolus le plus rapidement possible, en étroite coordination entre les ministères, les départements, les entreprises publiques, les entreprises privées et les régions.
Plus important encore, je demande au Gouvernement de soumettre des propositions pour un système optimal, flexible et opérationnel pour gérer le développement de l'industrie des systèmes aériens sans pilote. Je voudrais insister une fois de plus sur le fait que ces décisions doivent être prises le plus rapidement possible.
Vitaly Guénnadievitch [Savéliev] va maintenant nous expliquer comment cela va se faire.
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Source en russe : le site web du Kremlin
Traduit par Valerik